Si on vous demande ce que vous faisiez il y a dix ans jour pour jour, sauriez-vous capable de répondre ?
Il y a tout juste dix ans, c’était aussi un 1er janvier, le premier jour d’une nouvelle année civile, et nous devions faire la fête. Difficile d’y échapper. Tous les ans on célèbre le changement de millésime. Forcément, c’est la tradition, et chez nous on ne plaisante pas avec la tradition.
Au Kikimundo, on passe en général ces soirées entre amis. Il y a du monde, du bruit. On papote, on boit, on mange, on boit, on s’embrasse, on boit…
Le réveillon d’il y a dix n’avait rien d’exceptionnel. Pas d’évènement remarquable ou de situation particulière. On avait préféré célébrer en grande pompe le premier jour du millénaire un an plus tôt. Un an trop tôt en vérité, mais on n’est pas à un an près. Et puis il y avait plein de zéro dans le numéro de l’année, on trouvait ça plus rigolo. On nous avait annoncé la fin du monde ou pire encore, une catastrophe économique due à un dysfonctionnement généralisé des systèmes d’information (le fameux bug de l’an 2000 sur lequel on a pas mal fantasmé). Mais en 2001, rien ! C’était un jour de l’an tout à fait banal avec sa fête ordinaire. Et l’année suivante aussi.
Pour moi, ces soirées se ressemblent toutes un peu, et au bout de deux ou trois ans, une année chassant l’autre, j’en oublie facilement les détails. Il n’y avait donc aucune raison pour que je me souvienne du réveillon d’il y a dix ans plus que d’un autre. Mais il y a quelques mois, Madame Tina m’a sorti d’un placard un souvenir de ce réveillon, un curieux objet qui prouve encore une fois qu’à l’instar de mon totem, je laisse parfois des traces.
Précieusement conservée dans son écrin de carton, cette relique est un morceau de nappe en papier d’environ un mètre couvert de graffitis.
Il y a tout juste dix ans, je dessinais sur la table.
Et j’en profite pour vous souhaiter avec un peu de retard une bonne année 2001, un bon siècle et un bon millénaire.
