Citons un peu (en attendant des jours meilleurs)

Comme le jeudi c’est jour de citation, en voici une de Friedrich Nietzsche qui vous expliquera la façon dont je perçois le travail et mon aversion pour ceux qui veulent nous faire travailler plus et plus longtemps…

§173 – Les apologistes du travail.

Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours de la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et d’un intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l’aspect du travail – c’est-à-dire de cette dure activité du matin au soir -, que c’est là la meilleure police, qu’elle tient chacun en bride et qu’elle s’entend à entraver vigoureusement le développement de la raison, des convoitises, des envies d’indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, il retire cette force à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l’amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but limité et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille sans cesse durement jouira d’une plus grande sécurité : et c’est la sécurité que l’on adore maintenant comme divinité suprême. – Et voici (ô épouvante !) que c’est justement le « travailleur » qui est devenu dangereux ! Les « individus dangereux » fourmillent ! Et derrière eux il y a le danger des dangers – l’individuum !

Nietzsche – Aurore – Réflexions sur les préjugés moraux (Morgenröte – Gedanken über die moralischen Vorurteile, 1881)

13 réactions dans “Citons un peu (en attendant des jours meilleurs)

    1. Le travail c’est la santé… Mais alors, à quoi sert la médecine du travail ? (Pierre Dac)

  1. Décidément j’aime Nietzche mais certains passages font froids dans le dos tellement ils sont actuels finalement le travail c’est l’opium du peuple :-)))))

    1. Très actuel en effet. Un texte qui fait réfléchir et que je verrais bien lu dans les classes à la place de la lettre d’adieu de Guy Moquet.
      A bientôt Madame YueYin.

  2. je suis désolée M.Kiki, y’avait longtemps que je n’étais pas venu poser un petit mot chez vous , mais avec tous ces mots d’un auteur au nom imprononçable, je suis tout perdue et intimidée, je vais plutôt relire l’escar-Kronik précédente ;)

    1. Coucou Madame Homéo,
      Vous cherchez des difficultés là où il n’y en a pas. Nietzsche n’est pas un nom qui se prononce. Il s’éternue…
      A bientôt. ;)

  3. Plutôt que de citer Nietzsche, cet empêcheur de vivre en rond, je préfère citer Henri Salvador : “Le travail c’est la santé, ne rien faire, c’est la conserver !” … m/ :-q

    1. On peut aussi citer Zachary Richard…

      Travailler c’est trop dur,
      Et voler c’est pas beau.
      Demander la charité
      C’est quelque chose
      Que j’peux pas faire.
      Chaque jour que moi je vis,
      On me demande de quoi moi je vis,
      Je dis que je vis sur l’amour
      Et j’espère de vivre vieux.

      A bientôt Madame Nanne

  4. Dire que je cherche depuis 15 jours à vous laisser un commentaire percutant, et pour finir, je ne trouve rien de mieux que : je suis 1000 fois d’accord avec vous !!! Et avec Nietzsche !!! :D/
    Cette nouvelle barbarie que nous fait connaître notre monde actuel, avec la dictature de la rentabilité et des chiffres et la prostitution à la haute finance est intolérable !!!
    Et dans mon cas, pour l’instant, je travaille plus et je gagne moins !!! :((

    1. Travailler plus pour gagner moins…
      Ben oui, Madame Turquoise ! C’est ce que les amis du gouvernement actuel appelle la répartition. On partage. Ils prennent l’argent ils nous laissent le travail…
      A bientôt.

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