Serial watcher

Il y a quelques semaines, Madame YueYin m’a invité à partager mes souvenir de séries télévisées en répondant aux questions que voici.

  1. A quelle série dois-tu ton premier souvenir de télévision ?
  2. Quel est le chef-d’œuvre “officiel” qui te gonfle ?
  3. Quel est le classique absolu que tu n’as jamais vu et d’ailleurs pas eu l’envie de voir ?
  4. Quelle est la série, unanimement jugée mauvaise, que tu as “honte” d’aimer ?
  5. Quelle est la série que tu as le sentiment d’être la seule à aimer ?
  6. Quelle série aimerais-tu faire découvrir au monde entier ?
  7. Quelle série ferais-tu regarder à ton pire ennemi pour le torturer ?
  8. Quelle série pourrais-tu voir et revoir ?
  9. Quelle série faut-il voir pour y découvrir un aspect essentiel de ta personnalité ?
  10. Quelle série t’a fait verser tes plus grosses larmes ?
  11. Quelle série t’a procuré ta plus forte émotion érotique ?
  12. Quelle série emporterais-tu sur une île déserte (en plus d’un générateur et de la télévision) ?
  13. De quelle série attends-tu la sortie en DVD avec la plus grande impatience ?
  14. Quel est selon toi le film adapté d’une série le plus réussi ?

Cela fait beaucoup de questions, et je ne pense pas avoir une réponse pour chacune. Alors plutôt que de tenter de mal répondre à toutes ces questions, je vais en utiliser quelques unes pour vous livrer en vrac mes souvenirs télé. Mais avant de commencer, regardons ensemble le générique de « Dream on ».

Voilà ! Je voulais vous montrer ce générique car il illustre bien ma relation avec la télévision. Je pourrais être ce jeune garçon scotché devant l’écran. J’ai été abreuvé de télé dès mon plus jeune âge. Dans la série « Dream on », Martin Tupper, le personnage principal, associe les situations qu’il est en train de vivre à des images de la télé de son enfance et il voit régulièrement par flashs des extraits de vieux films ou de vieilles séries. C’est un aspect de ma personnalité. Il m’arrive aussi de voir des images quand on me parle, et beaucoup viennent de séries télévisées. J’ai oublié ce que racontent les plus anciennes, celles qui n’ont jamais été rediffusées. Je me souviens d’images chocs, comme le gars qui se fait crucifier sur une porte de grange dans « La révolte des haïdouks » ou celui qui se fait écraser par un gros rocher dans « Nans le berger ». Je me souviens aussi des musiques. Je peux encore chanter le générique de ces séries, tout comme celui de « Maurin des Maures », « Quentin Durward » ou « Les corsaires ».

Tout cela remonte à loin. C’était un temps où il n’y avait que deux chaines de télévision en noir et blanc et sans publicité. On y voyait « Zorro » de Walt Disney qui me valut un de mes nombreux surnoms et « Daktari » qui fut à l’origine de ma première vocation.

J’ai grandi avec la télévision et avec ses acteurs aussi. J’ai vu le petit garçon des séries « Poly » et « Sébastien » devenir adolescent dans « Le jeune Fabre », série que je n’aimais pas beaucoup. Dès que j’entendais Demis Roussos chanter le générique, je fuyais. Elle fait partie des séries qui insupportent, celles qui parlent des jeunes et de leurs histoires de jeunes, comme « Pause-café », « Dawson », « Beverly Hills » et aussi les SITCOM d’AB productions comme « Hélène et les garçons », « Premiers baisers »… Les préoccupations de ces jeunes-là sont tellement loin de moi que je n’ai jamais réussi à m’intéresser à ces séries.

Dans celles que je n’aime pas, on peut aussi mettre « La petite maison dans la prairie ». J’y suis devenu totalement allergique à force de l’avoir trop vu. D’ailleurs, si je devais torturer mon pire ennemi à coup de séries télévisées, je l’obligerais à regarder celle-là. Les dix saisons d’affilé, suivi des cinq saisons de « Les routes du paradis ». Ces séries guimauves et dégoulinantes de bons sentiments donnent rapidement la nausée, et ingurgitées à haute dose, elles provoqueraient à coup sûr des dégâts psychiques irréversibles.

Je ne devrais pas me moquer de « La petite maison dans la prairie ». Ma maman va encore dire que je suis sans cœur. C’est ce qu’elle dit quand je me moque d’elle lorsqu’elle verse sa petite larme à la fin de chaque épisode. Mais ce n’est pas vrai. Moi aussi j’ai déjà pleuré devant la télé. La série qui m’a fait versé mes plus grosses larmes est probablement « X-OR » le sherif de l’espace. Qu’est ce que j’ai pu pleurer de rire en regardant X-OR… J’avais découvert les séries japonaises de science-fiction quelques année auparavant avec « San Ku Kaï », ses extraterrestres en latex et ses héros bondissants qui faisaient des pirouettes dans tous les sens. Dans X-OR on retrouve un peu la même chose, mais en plus, il y a la scène de la transmutation…

Dans les séries qui me faisaient rire, il y avait aussi « Quand tout était pourri… re » justement, une série de Mel Brooks qui parodiait les aventures de Robin des bois. Tellement peu de gens s’en souviennent que je me demande parfois si je ne l’ai pas rêvée.

Certains disent que la télévision rend passif et qu’on apprend rien en regardant les séries télé. Et bien ils se trompent. Les séries ont une dimension pédagogique qu’on ne soupçonne pas. Par exemple, si je me retrouvais coincé sur une île déserte, je saurais me construire une jolie cabane avec tout le confort moderne comme dans « Les Robinsons suisses », ou je pourrais fabriquer un catamaran avec un bout de ficèle et deux noix de coco pour quitter l’île grâce à  « McGyver ».

Il est vrai qu’on peut se laisser influencer par les séries. J’ai moi-même été influencé par « Star Trek » et « Le prisonnier » à la naissance de Junior. J’ai proposé comme prénom Monsieur-Spoke ou Numéro-Six, mais Mon Amour s’y est farouchement opposé, prétextant qu’elle n’aimait pas les prénoms composés. (Pffff !)

Il y a des séries qui m’ont beaucoup troublé. Je me souviens encore avec émoi du mini-short de la cousine Daisy dans « Sherif fait-moi peur » ou du bikini de Jody, la copine de Colt Seavers dans « L’homme qui tombe à pic », sans parler de l’incroyable décolleté de « Wonder Woman » qui, à mon grand dam, restait toujours bien accroché, défiant scandaleusement la loi de la pesanteur.

Mais tout ça, c’était avant que je tombe amoureux de la reine des lézards de « V » que j’ai retrouvé avec plaisir dans « Mission impossible 20 ans après ». Et on ne peut pas parler des filles dans les séries sans évoquer les « Drôles de dames » dont j’avais trouvé l’adaptation au cinéma bien meilleure que la série elle-même, avec cette réplique devenue culte : « Vas-y, bouge tes cheveux ».

Bien sûr, je n’ai pas tout vu. J’ai complètement raté « Twin peaks » par exemple. A l’époque, plutôt que de me laisser glander pénard devant la télé, l’État avait trouvé plus amusant de m’envoyer un an en Allemagne pour apprendre à marcher au pas dans un bel uniforme kaki. Je n’en sais pas grand-chose, si ce n’est qu’elle est de David Lynch et que l’histoire tourne autour de la mort d’une jeune fille. On dit que cette série est un mélange de plein de chose, qu’elle est indescriptible. A l’occasion, j’aimerais bien voir à quoi elle ressemble…

Je regarde tout et n’importe quoi, mais j’ai une préférence pour les séries fantastiques avec des personnages dotés de super-pouvoirs comme dans « Superminds » ou « Heroes », ou des êtres doués de capacités hors du commun comme « John Doe » ou « Le caméléon ». En ce moment, je fais découvrir « X files » à mes enfants.

Je pourrais continuer encore longtemps avec les séries. Il y en a tellement… Celles de l’émission Samedi est à vous comme « Cosmos 1999 », « les mystères de l’ouest », « Kung-fu » ou « Vidocq ». Celles du mercredi après-midi comme « Prince noir » et « Matt et Jenny » sur la première chaine, ou « Ma sorcière bien aimée » et « M*A*S*H » sur la deux. Toujours sur la deux, celles du dimanche avec « Timide et sans complexe », « Les deux font la paire » et « Colorado ». Celles du soir après « L’ile aux enfants » comme « Mon ami ben » et « Le renard à l’anneau d’or »…
Bon d’accord, j’arrête !

Monsieur Toutou

Le mois dernier, notre ministre du tourisme m’a informé que de très jeunes visiteurs s’aventuraient parfois au Kikimundo. Comme on est en période de vacances scolaires, je me suis dit qu’il serait bien de faire quelque chose pour nos petits amis. J’ai donc essayé de trouver un programme qui pourrait convenir aux plus jeunes. Mais par où commencer ? Qu’est-ce qui pourrait bien plaire aux enfants ? C’est qu’elle est loin, ma jeunesse.

Et puis l’autre jour, en farfouillant dans mes vieux disques, je suis tombé sur un 45 tours que j’écoutais beaucoup quand j’étais petit : La maison de Toutou.

La maison de Toutou était l’une des séries à marionnettes qui connurent un grand succès dans les années 60. Elle était diffusée sur la première chaine de l’ORTF entre 1967 et 1973, à raison d’un épisode par mois.

Monsieur Toutou vit dans une petit maison à la campagne. Il est bricoleur et s’occupe de son jardin. il aime aussi pêcher les poissons rouges dans son bassin. Il cohabitent paisiblement avec Mademoiselle Zouzou, une chatte d’intérieur maligne et parfois moqueuse. Un matin, Toutou et Zouzou font la connaissance de leur nouvelle voisine, Madame Kiki.

Attention ! Ne vous laissez pas tromper par l’homonymie. La Madame Kiki de cette histoire n’est pas ma charmante épouse, c’est une petite grenouille curieuse et coquette. Je tiens à préciser cela car Mon Amour est très susceptible et elle n’apprécie pas du tout qu’on la compare à un animal (voir les commentaires sur cet article). Alors s’il vous plait, évitez les plaisanteries sur le sujet, parce que je risque encore de me faire battre…

Madame Kiki travaille à la météo. Tous les trois vont vite devenir les meilleurs amis du monde. A la fin de chaque épisode, Monsieur Toutou prononce une phrase qui commence par : « Je suis un bon gros Toutou … » (bien attrapé, gourmand, rêveur…)

Voici donc, pour nos petits amis, un épisode de La maison de Toutou.

C’est toujours avec bonheur que je retrouve cette série. Mais elle me rappèle également un souvenir pénible.

Je devais avoir sept ou huit ans. C’était l’été. Et comme tous les étés, ma sœur et moi étions partis un mois en colonie de vacances. Ma maman profitait de notre absence pour faire un peu de rangement. Cette année là, elle avait décidé de donner quelques uns de nos jouets à une de ses collègues. Elle avait fait sa sélection et avait attendu qu’on soit rentré pour nous demander notre avis. Quelques jours après notre retour, elle sortit un grand sac en plastique du placard et m’invita à l’ouvrir :

– Tiens, regarde. C’est des vieux jouets à vous que je veux donner. Tu est d’accord ?!?

Le sac était rempli de hochets, de cubes multicolores et autres jeux éducatifs dont j’avais gardé un souvenir lointain. Mais au milieu de cet amoncèlement de formes diverses aux couleurs variées, j’ai vite reconnu une silhouette très familière. Celle de Monsieur Toutou. Mon Monsieur Toutou. C’était un jouet en plastique d’environ trente centimètres qui, à l’origine, devait faire « pouêt pouêt » quand on lui appuyait sur le ventre. Lorsqu’on l’agitait, ses oreilles en simili fourrure bougeaient comme celles d’un vrai chien. Il portait son éternelle salopette et tenait devant lui un petit arrosoir vert. Je l’avais eu à mon premier anniversaire et j’y étais très attaché. Quand j’étais petit, j’avais une affection particulière pour certains de mes jouets. Une affection très forte comparable à celle qu’on peut avoir pour quelqu’un de sa famille. Monsieur Toutou était un de ceux là. Vous comprenez donc quel fut mon émoi quand je l’ai aperçu dans le sac :

Tu veux donner Monsieur Toutou ?!?
Ben oui. Tu es grand maintenant, et tu ne joues plus avec.
Mais c’est Monsieur Toutou…
Tu sais, c’est pour des gens qui n’ont pas beaucoup de sous. Ils ne peuvent pas acheter des jouets à leurs enfants.
Oui, mais c’est …
Et puis toi, tu en as plein d’autres, des jouets. Tu peux bien donner ceux-là à des petits enfants malheureux. Hein ?
Oui, mais…
Hein ?!? Pour les petits enfants malheureux…
D’accord ?

Et j’ai dit oui. Le cœur gros, j’ai vu disparaitre mon Monsieur Toutou dans le grand sac en plastique.

Cette histoire m’a profondément marqué, et un tiers de siècle après, ma mère entend encore parler du jour où elle m’a forcé à donner Monsieur Toutou. Je la taquine un peu. Je sais bien qu’elle a compris que ce jour là, elle avait fait une grosse boulette, mais j’adore la voir essayer de se justifier :

Mais je t’avais demandé… Il fallait le dire que tu voulais le garder ton Monsieur Toutou !
Ah ouais ?!? Et tu crois vraiment que j’avais le choix ?
Ben je t’ai demandé …
Et le coup de petits enfants malheureux. Tu crois que c’était loyal ça ? C’est comme la mère Chirac qui pique aux mômes leur argent de la petite souris à coup de bons sentiments. C’est du racket !
Alors tu m’en voudras toujours ?!?
Mais non La Moune, je ne t’en veux pas. Mais quand même, c’était Monsieur Toutou…

Moralité : Ne forcez pas vos enfants à donner leurs jouets, vous pourriez en entendre parler très longtemps.

Si vous tenez absolument à vous débarrasser de certaines de leurs affaires, faites le sans rien dire. Et s’ils se rendent compte que des jouets ont disparu, inventez une histoire. Dites par exemple qu’un voleur les a pris ou qu’ils ont été enlevés par des extraterrestres, mais ne leur faites pas le coup des petits pauvres. C’est trop cruel. Racontez leur plutôt N’importe-quoi.

Pour finir voici une des histoires extraite de mon disque. Celle que je préférais et qui me rapprochait d’avantage de Monsieur Toutou. Le son n’est pas très bon, mais le disque est vieux et usé. Il a tellement servi qu’il craque de partout. (Comme moi !)