La boite à Meuh

Hou la la, je suis en retard. Une semaine s’est écoulée depuis la publication de mon dernier article, et je n’ai toujours pas trouvé ce que j’allai écrire dans le suivant. Bon, je pourrais plaider des circonstances atténuantes : une invitation impromptue qui m’éloigne une soirée de mon ordinateur, le premier tour des élections présidentielles avec les copains qui passent toute la journée à la maison, une lecture en cours tellement prenante qu’elle occupe une bonne partie de mon temps libre…

L’excuse la plus sérieuse que je puisse trouver, c’est le printemps.

Ah, Le printemps ! Les beaux jours reviennent. C’est le retour du soleil et des mini jupes. La nature s’éveille et offre à nos yeux émerveillés une myriade de couleurs gaies auxquelles se mêlent le parfum léger des fleurs et les joyeux gazouillis des petits oiseaux. Mais le printemps, c’est aussi l’herbe du jardin qui repousse. Et d’après Mon Amour, pour avoir un joli jardin, l’herbe ne doit pas être trop haute, sinon ça n’est plus un jardin, mais un pré à vache. Alors il faut la couper. Et moi, tondre l’herbe c’est loin d’être mon activité préférée. Je pourrais laisser Mon Amour le faire, mais au Kikimundo, passer la tondeuse, c’est un travail d’homme. Notre gardienne des traditions l’a décrété. Et impossible de se défiler, car chez nous, on ne plaisante pas avec la tradition.

Oui, vous avez bien lu : Un travail d’homme.

Qui aurait pu penser qu’au XXIeme siècle, dans notre sociétés post-industrielle occidentale, les hommes sont encore victimes de discriminations sexuelles ? Dans l’indifférence générale, écrasés par le poids des traditions, nous sommes obligés de nous livrer au quotidien à des tâches ingrates et rébarbatives, comme tondre la pelouse, sortir la poubelle ou découper le poulet ou partager la pizza en cinq parts égales. Je n’exagère pas. De nombreux témoignages le prouve. Voici, par exemple ce que dit Bénabar, dans sa chanson «Bon anniversaire» :

[…]
Encore deux bourriches d’huitres à ouvrir.
Ce qui nous fait soixante douze bonnes raisons d’avoir des points de suture.
Les filles sont dans le salon parce qu’écailleur c’est masculin
Où sont les féministes quand il s’agit de s’ouvrir les mains ?

[…]

C’est indéniable. On constate tous les jours des inégalités de traitement entre les hommes et les femmes. Mais comment pouvons-nous supporter une telle injustice ? Comment arrivons-nous à accepter cet état de fait sans broncher ? Et elles, comment peuvent-elles le justifier ? Nous devons reconnaitre que nos compagnes recèlent de trésors d’ingéniosité pour nous convaincre que c’est l’ordre naturel des choses. La technique la plus répandue consiste à flatter notre ego – «Tiens, toi qui es grand et fort, est-ce que tu pourrais tondre la pelouse ?». Voilà le genre de propos sexiste qu’il faut absolument dénoncer. Les notions de sexe fort et de sexe faible n’ont été inventées que pour nous flagorner. Mais ne soyons pas dupes. Le sexe fort désigne l’ensemble des individus appartenant au genre masculin, et bien que j’en fasse partie, je vous affirme que mon sexe n’a rien de fort. Quand je passe l’aspirateur, par exemple, vous pensez que je pousse les meubles avec quoi ? Croyez-vous vraiment que j’arrive à bouger le canapé sans lâcher le tuyau de l’aspirateur ? Et bien non. Pour pousser les meubles, je fais comme tout le monde. J’utilise mes mains. Personne n’est capable de soulever un canapé à la force de son sexe.  Ça se saurait. Un tel individu serait aussitôt exposé comme un phénomène de foire. Le sexe fort n’existe pas. Ce n’est qu’un concept inventé pour cautionner des pratiques discriminatoires uniquement fondées sur notre appartenance au genre masculin. Et le plus dramatique, c’est que cela fonctionne, car peu sont ceux qui osent se révolter pour échapper à leur triste condition. Alors au printemps, odieusement exploité comme des millions d’autres hommes, je tonds le gazon. Tel est le destin du pauvre Kiki. Vous comprenez maintenant pourquoi je déteste le printemps presque autant que l’automne. Il faut tondre la pelouse.

Heureusement, avec la chaleur étouffante de l’été, la pelouse en prend un sacré coup derrière les oreilles. Tout devient sec. La végétation s’étiole et jaunie. Les maigres touffes d’herbes qui résistent aux rayons brulants du soleil arrivent à peine à retenir la poussière au sol. Il faut les ménager. Donc, pendant l’été, la tondeuse se repose. Oui, je sais. On pourrait arroser un peu pour éviter que l’herbe jaunisse. Mais c’est prendre le risque de devoir tondre. Et par une chaleur pareille… Rien que d’y penser, ça me fait venir la transpiration.

Puis vient l’automne. C’est, à mon avis, la pire des saisons. Non seulement l’herbe se remet à pousser, mais en plus, les arbres perdent leurs feuilles. Et il semble que ramasser les feuilles mortes soit aussi un travail d’homme. Devant la maison, sur un bout de terrain de trente mètres carrés, nous avons la malchance d’héberger deux arbres. Le premier est un murier platane qui produit à peu près cinq cents litres de feuilles par ans (cinq sacs de cent litres). Mais ce n’est pas le plus pénible, car ses feuilles sont plus larges que ma main, donc faciles à ramasser. J’ai plus de mal avec l’autre arbre, l’albizia. C’est un bel arbre, l’albizia. Ça fait de jolies fleurs rose et blanche en forme de plumeau. Mais ça fait également des feuilles aussi petites que des confettis, et comme le nôtre fait plus de trois mètres de haut, en automne elles s’éparpillent partout. Et en plus, quand il pleut, ces cochonneries se collent par terre.  Je dois passer plusieurs heures à frotter l’allée au balai brosse pour tout enlever.

En hivers, coté pelouse, je suis plutôt tranquille. L’herbe pousse moins vite, et comme elle est souvent mouillée, les occasions de tondre sont rares.  Par contre, je dois encore m’occuper à tailler les arbres. Tous les ans l’albizia produit des branches de plus de deux mètres qu’il faut couper sous peine d’avoir, l’automne suivant, encore plus de feuilles à ramasser. Et j’ai à peine fini de couper les branches, que c’est déjà le printemps…

Je ne suis pas loin de croire que l’albizia est une malédiction, un châtiment divin. Je me sens comme un Prométhée enchaîné au cycle des saisons.

J’ai bien proposé de bétonner le jardin et de raser les arbres, mais Mon Amour s’y oppose fermement sous prétexte qu’elle aime la nature. Et alors ! Moi aussi, j’aime la nature, mais seulement quand elle est sauvage. Pas celle qu’on met en pot, qu’on doit tondre, arroser ou tailler.

En relisant cet article, je me rends compte que vous pouvez vous demandez quel est le rapport entre cet article et son titre. Vous vous dites surement que c’est encore N’importe-quoi.

Avant des vous conter mes tribulations végétales et la haine que m’inspire ce maudit printemps, je n’avais pas eu le temps de préparer un article pour cette semaine. Alors pour vous faire patienter, j’avais prévu de vous présenter un petit gadget : La boite à Meu. Mais comme j’ai réussi à remplir ma page…

Allez, comme je ne suis pas chien, je vous le donne quand même.

Voici donc pour vous La boite à Meuh.

(C’est Madame Turquoise qui va être contente…).

On passe la souris dessus et Hop, ça fait Meuuuh !

Ce gadget est parfaitement inutile, il avait donc sa place au Kikimundo. J’ai l’ai trouvé en allant me balader dans le blog d’AnnaK.

Voici le code source que j’ai utilisé pour afficher la boite à Meuh :

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35 réactions dans “La boite à Meuh

  1. Bien le bonjour M Kiki,
    Je viens de prendre connaissance de votre dernier article et je trouve que vous exagérez un peu.
    En effet, dans votre monde vous avez quand même réussi à faire retirer de la liste des “Tâches réservées aux hommes forts” toutes les petites réparations d’appareils ménagers. C’est une victoire sur la discriminations sexuelles….
    En ce qui concerne la tonte du gazon, je ne comprends pas que vous n’ayez pas encore pensé à investir dans une tondeuse “intelligente”, vous savez celles qui font le travail toutes seules… Je suis certaines qu’après moult argumentations, en faisant preuve de persuasion et en vous aidant d’un petit sourire triste (comme vous savez si bien les faire), vous pourriez obtenir gain de cause…
    De plus pensez au temps précieux que vous gagneriez et que vous pourriez utiliser à nous concocter pleins d’articles sur tout et n’importe quoi que nous lirions avec un plaisir immense….

    Réfléchissez-y…..

    1. Bonjour Madame l’Ex-voisine,
      Vous m’apprenez quelque chose !
      J’ignorais qu’il existe une machine intelligente capable de ramasser les jouets éparpillés dans le jardin avant de tondre la pelouse, et qui ensuite se rend toute seule à la déchetterie se débarrasser de l’herbe coupée. Il faudra que vous me donniez la marque…
      Et pendant qu’on y est, Savez-vous s’il existe un appareil qui ramasse les feuilles mortes et qui coupe les branches des arbres ?
      A bientôt

  2. Chère ex-voisine (je n’adresse bien entendu plus la parole à Mr kiki), merci de votre soutien…

  3. Emancipation
    Hier au marché
    monsieur Kiki a échangé
    sa paresseuse épouse
    contre une belle vache tachetée
    qui veut bien lui tondre sa pelouse
    Il dit – c’est très pratique et tout,
    l’amour désormais je le ferai debout
    et plus besoin de me tonifier les muscles sous ma blouse.

    1. Bonjour Madame Jeanne, soyez la bienvenue,
      Merci pour ce poème. Il m’a touché, ému.
      Mais je ne suivrai pas votre excellent conseil,
      Une vache chez moi ne ferait pas merveille,
      Car si cet animal m’aide pour la pelouse,
      Je crains fort qu’en revanche, il ne laisse des bouses.
      Et cette perspective ne me réjouit pas,
      J’ai déjà bien du mal avec la caisse du chat…
      Et pour l’amour enfin laissez moi ajouter
      Que même si j’apprécie les grosses boites à lait,
      Je n’échangerais pas ma ravissante épouse
      Contre dix charolaises qui tondraient la pelouse.
      Pour elle, je suis prêt à faire N’importe-quoi.
      Je ne peux m’en passer, c’est mon amour à moi.
      Et de vivre sans elle, ça me fout trop la trouille,
      Même si de temps en temps elle me casse les pieds (Ah ben zut alors ! ça rime pas…)
      Merci d’être passée, ça m’a bien fait plaisir
      J’espère, un autre jour, encore pouvoir vous lire.

  4. Chère gardienne,
    Vous savez bien que je suis toujours (ou presque) de votre coté. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles M. Kiki me trouve autoritaire…
    J’y peux rien mais qd je l’entends (ou le lit) se plaindre sur sa condition “de pauvre petit homme fort persécuté”, je pense immédiatement à un lave-vaiselle,…ou à une ampoule de 205… ou à des lattes de clic-cla… ou à un mobile d’enfant à suspendre… ou à un puzzel à accrocher…toutes ces choses qu’il a réussi à suprimer de la liste des “tâches réservées au hommes forts”…
    Bref il a beau essayé de se faire plaindre, je n’arrire pas à m’apitoyer sur son sort…
    Restez ferme madame la gardienne…

    1. ( Et ben voyons… C’est vrai, j’en avais oublié dans ma liste. Planter un clou, changer une ampoule, commander des pièces détachées sont aussi des activités réservées aux hommes…)

  5. Bonsoir Monsieur Kiki
    Je suis en effet très contente ! D’une part votre texte était fort drôle, d’autre part votre boite à Meu m’enchante particulièrement ! ;-)))

    Et en prime, vous venez de m’aider à me décider pour le choix du haïku de ce soir, que je vais de ce pas mettre sur mon blog ! A bientôt sur vos terres ou les miennes ! Bonne nuit à vous ainsi qu’à votre Amour !

    1. Ah, vous pouvez vous moquer Madame Angelica. En attendant, ça n’est pas ça qui empêche l’herbe de pousser ! Et qui c’est qui s’y colle ?…
      A bientôt.

  6. Noooon ! Mr Kiki : le meuh agressif de votre boite à qui je n’avais rien demandé vient de réveiller toute ma maisonnée !!!!!!!! ;)

    1. Désolé Monsieur Thom. J’aurais peut-être dû signaler que ce gadget était très sonore. Si ça peut vous consoler, vous avez échappé au pire. J’ai hésité un moment entre la boite à meuh et le coussin péteur…
      A bientôt.

  7. Madame jeanne bien le bonjour

    Et bravo pour votre poème, il m’a fait hurler de rire. Et quoi qu’en dise monsieur KIKI, pour le connaitre depuis fort longtemps je ne parirais pas sur le fait que l’idée d’echanger sa bien aimée contre une ou deux charolaises ne l’ai pas effleurer une fois ou deux…car la gardienne bien qu’adorable au demeurant arrive parfois a avoir des vertus hurticantes fort désagréables !!! ;-)

    1. Hola Monsieur Le Gludo, vous devriez mesurer vos propos. Connaissant Mon Amour, vous savez bien ce qu’il vous en coutera la prochaine fois que vous la verrez. Elle aura eu le temps de ruminer sa vengeance…

  8. Pour le coup c’est moi qui pouffe mon cher Gludo… mais je prends bonne note de votre opinion…

  9. Vache matinée d’ortie trahie par ses proches cherche âme compatissante pour la soutenir (et eventuellement la recueillir)… Peut montrer son côté lilas à ceux qui le méritent…

  10. Cher M. Kiki

    J’ai un peu de retard sur mes lectures bloguesques et je viens seulement de prendre connaissance de votre prose… Vous imaginez l’effet que ça m’a fait, inutile de vous faire un dessin. Outre le fait que je soutiens fermement la gardienne et son ex-voisine (notamment au regard d’un lave-vaisselle qui décore très bien la cuisine depuis quelques années, mais qui ronronne très peu voire pas), j’espère que nous pourrons discuter en direct de cette comparaison entre votre zamour et une vache (certes charolaise). Je m’en réjouis d’avance. Quant aux remarques perfides du gludo, je glousse itou. c’est finalement pratique, l’informatique, et nettement moins risqué qu’en vrai. Une illustration de votre part de la rencontre entre le gludo et zamour pourrait être intéressante …

    Bon, je vous pardonne, car à cause de vous je suis allée acheter l’ancre des rêves et que je me régale …

    1. (… Tiens encore une qui me prend pour le service après-vente de chez Darty !)
      Chère Madame Tina,
      Je ne vous savais pas bovidophobe. Je ne pensais pas que ces quelques plaisanteries pouvaient déclencher des réactions aussi violentes. La vache est pourtant un animal doux et affectueux aux grands yeux langoureux. J’ai du mal a concevoir qu’elle puisse inspirer autant de haine. Si je vous ai choqué, c’est bien involontairement et je vous prie de bien vouloir me pardonner.
      J’espère que vous avez du beau temps car chez nous, depuis deux jours il pleut comme vache qui p beaucoup.
      A bientôt

  11. Cher M. Kiki, je n’ai rien contre les vaches, que je peux admirer tous les jours vu que j’habite à la campagne. C’est plutôt la première partie de votre sujet qui me fait réagir. Mais vous me connaissez, je fais rarement dans la demi-mesure. Je tiens à mon personnage !

    Chez nous, il fait beau (et oui) et nous mangeons dehors (et oui itou, dans le grand nord, ça arrive aussi), quoi qu’il fasse un poil froid. Nos vaches sont civilisées et ne pissent pas. Elles font par contre régulièrement des “meuh” très convaincants. Auriez-vous la version “coq chanteur à 5 h du matin”, que je sois moins dépaysée dans le Kikimundo ?

  12. Cela dit, toutes mes excuses itou pour mes réactions un peu virulentes, en ce moment, je suis en colère. De base. C’est la mollitude ambiante qui me pèse.

  13. Merci beaucoup, M. Kiki, de votre sollicitude : 1) pour le coq (j’ai bien ri, il ressemble effectivement au mien ,sauf que le mien tourne en boucle beauuuuuuuucoup plus longtemps) ; 2) pour mon époux. Ce n’est certes pas de ce genre de mollitude là dont je parlais… quant à la pilule, il faut que je choisisse la bleue … ou la rouge ?

  14. Salut kikimundo merci d’avoir mit le code de ta boite a meu sur ton site je l’ai cherché partout et c’est sur kikimundo que je l’ai trouvé
    Merci!!!

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